Ça suffit...

Ça suffit

Aucun geste

Je paie mes factures

Silence

Je réponds

Que je parle des yeux

Il y a tout à comprendre

Immédiatement je jeûne

Pour quelques minutes

Pour mes pauvres restants

Que j’avale

 

L’art est de me présenter tel quel

D’attendre que mon phénomène passe

 

Je hurle

Dans une position insultante

D’une politesse incurable

Je vais bon train

Je mets des serrures à la musique

Et ça marche

 

Je deviens ce que j’entrevois

Mes derniers cris

Mon corps mou n’est pas rempli

Détachable

Mais je ne me soumets pas

 

Je me rencontre au lampadaire

À pas détendus

Je remplis mes distances

D’une lumière maquillée

 

 

Je sens mes pièces

Je peux dire qui y habite

Qui s’entretuent

Dans une nuit faite

Pour m’occuper

Je m’accuse

J’ai du mal à saisir

Alors je règle les questions

 

Comment faire autrement

Je dis

Et je repars

Perdue entre mes oreilles et ma voix

J’arrive à reconnaître les rides

De mes surfaces à l’envers

 

Je suis déjà loin

Ma présence est imprimée

Dans l’air sec

Ma présence mouille l’air

Que je veux suspendre

C’est incontrôlable

Je cours partout

Je n’ai rien à fuir

Ma peur est partout

Je n’ai pas de lieu

Référence bibliographique

Daphnée Azoulay, « Ça suffit… », Tout près de la nuit, Les Herbes rouges, 2005, p. 24-25.

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